mardi 24 décembre 2019

Du regard anamnésique au renouveau missionnaire: exhortation pour Christ-Roi

En ce dimanche 24 novembre 2019

            En cette solennité du Christ-Roi, une fois de plus, « rappelons-nous que nous nous sommes réunis avant tout pour nous aider mutuellement à poursuivre la perfection évangélique en suivant Jésus-Christ notre Roi. » (P. Vallet). En cette fête patronale, prenons le temps de resserrer nos liens d’appartenance, pour raviver la dynamique missionnaire. Simultanément, nous faisons pleinement nôtre le thème de l’année pastorale 2019-2020, donné par le Cardinal Ambongo à l’Archidiocèse de Kinshasa: « Ensemble pour la mission évangélisatrice.»  
            D’abord un regard rétrospectif : remontons aux sources, et retrouvons nos racines, celles de l’implantation des CPCR en RDC. Toute rivière a sa source; chaque plante, chaque arbre a ses racines. Nous, tous et chacun, nous venons de quelque part, nous avons notre histoire individuelle, nos sources, nos racines… Il en va de même en ce qui concerne notre famille biologique, celle-ci, tout comme notre famille religieuse CPCR, a sa propre histoire. Nous parcourons un itinéraire à la fois personnel et communautaire. Nous sommes en route sur un chemin qui nous a précédés et où nous continuons à avancer, à progresser, individuellement mais aussi de façon groupale.

Anamnèse

            Qu’est-ce qui a déclenché, provoqué la venue des CPCR au Congo ? De quoi le Seigneur s’est-il valu pour que l’option africaine ait été retenue au tout début du XXIe s ? Ce qui a motivé aux origines, n’est-ce pas ce qui peut nous remotiver à l’heure présente ? Après 15 ans de ministère en Espagne, je suis muté, fin 1993, à Grolley, près de  Fribourg, en Suisse, comme Supérieur local au service de la communauté CPCR de la Maison Notre-Dame du Rosaire. Entre autres tâches, je prends le relais d’animer le groupe (ARP) de retraitants et d’amis à Genève. Je m’y rends chaque mois. Le groupe vient à Grolley au moins une fois l’an pour un week-end spirituel. Voilà qu’une dame péruvienne, membre assidue du groupe, apprécie un prêtre congolais aux études à Rome, mais fréquent à Genève, pour un ministère d’été. Elle va insister, tant auprès de lui qu’auprès de moi, afin que nous nous rencontrions. A force d’insister, elle obtient finalement que le prêtre congolais vienne à Grolley d’abord pour une visite, ensuite pour suivre une retraite ignacienne de 5 jours. Marqué par cette retraite, l’abbé Polydore Bope qui est aussi animateur du clergé dans son diocèse d’origine, celui de Mweka (au Kasai Occidental d’alors), souhaite ardemment que je puisse aller au Congo afin d’animer une telle retraite pour les prêtres, ses confrères.
            Ce sera chose réalisable et réalisée en juillet 1997. Or l’évêque Mgr Mulumba Kalemba Gérard, au su de mon expérience en Europe et désireux de mettre pleinement à profit mon séjour de plus d’un mois, m’invite à animer deux sessions spirituelles pour les laïcs CALCC, l’une a lieu sur place, l’autre à Ilebo. C’est à Ilebo, au terme de leur expérience, que des participants me font prendre conscience de la pertinence de notre manière de faire, pour eux, avec eux.
            Par ailleurs, le matin même de mon retour en Europe, à la Procure Sainte-Anne où je suis logé, je prends le petit-déjeuner à la même table qu’un prêtre italien dont le diocèse a jumelé une paroisse avec une paroisse congolaise. Nous échangeons spontanément nos expériences. Je retiens jusqu’aujourd’hui surtout ceci (en substance): « Beaucoup de charismes ont été donnés à des Fondateurs en Europe… mais ils sont pour l’Eglise universelle ! Vous ne pouvez pas garder jalousement ces charismes en Europe. Les Congrégations ont des membres vieillissants, pas beaucoup de relève, il ne faut pas laisser mourir les charismes, mais les transplanter dans des Eglises jeunes, comme celle-ci, pour qu’ils puissent y fructifier et y avoir un avenir. » 
            La petite source commence à jaillir, une graine est plantée. Tout va partir de là… 
            En 1999, 2e séjour à Mweka. Fr. Joseph Sacilotto m’accompagne. Retraites, partages, confirmation de ce qui s’est passé lors du voyage précédent. En décembre 2000, à Kinshasa, s’ajoute la perspective de possibles vocations. Juillet-août 2001 : 2 retraites ouvertes à la Paroisse St Pie X de la capitale. ‘Venez vous établir en Afrique.. au Congo… ICI, dans notre quartier!’ ( Papa Hubert, responsable laïc). Retraite appréciée pour religieux à Mbudi…  5 ans après le premier séjour missionnaire, une communauté CPCR de 4 membres, deux Pères et deux Frères est constituée. Elle est accueillie officiellement dans l’archidiocèse de Kinshasa, par feu le Cal Etsou, le 1er décembre 2002.
Fil rouge

Qu’est-ce donc qui a provoqué, motivé notre implantation ? N’est-ce pas la mission spécifique CPCR selon le charisme donné au P. Vallet ? Repérons-en des jalons observables au long du chemin de notre venue au Congo :
  • En Suisse, l’animation spirituelle du groupe à Genève, la retraite de l’abbé Polydore à N.D. du Rosaire.
  • En RDC, la retraite pour les prêtres et les sessions pour les laïcs au diocèse de Mweka. Les retraites à la paroisse St Pie X de Kinshasa. La retraite pour religieux à Mbudi
            C’est donc bien le charisme CPCR comme annonce de la foi, évangélisation en profondeur, spiritualité ignacienne, amour et service de l’Eglise, qui est apprécié et qu’on souhaite voir se transplanter en terre africaine. C’est donc bien à partir de ce que nous sommes et faisons dans le sillage du P. Vallet et de ceux qui ont pris successivement le relais, en Europe et en Amérique du Sud, que nous avons été interpellés, puis appelés à réaliser la mission CPCR en RDC. Appelés et envoyés pour annoncer ou revitaliser la foi et par là l’engagement du baptisé, principalement de l’homme adulte, dans l’Eglise et la société.
            Pendant une bonne dizaine d’années, nous avons œuvré : retraites, récollections, formations en paroisse. La communauté s’est agrandie peu à peu. Nous avions fêté le 10e anniversaire de notre présence au début décembre 2012.
            Puis vint un temps de transition, un intermède : changement de maison, construction du Centre de formation Maison Kristu Mokonzi, absence des aînés CPCR congolais et du P. Xavier, pour l’Année de Rénovation. Deux membres de la première équipe étaient repartis, le P. François et le Fr. Joseph. Ma propre affectation au noviciat à partir de 2014. Départ du Fr. Mateo, du P. Godé Nzembela… Dégradation progressive de la situation socio-politico-économique et sécuritaire etc. Répercussions inévitables dans notre agir apostolique!
            Nous lamenter, baisser les bras, en prendre notre parti, continuer à faire ce que nous avons fait, tant bien que mal jusqu’ici… ce ne sont pas des solutions ! Non à la démission, oui à la mission !

Etre en état de mission

Face aux crises du monde, des nations, de l’Eglise elle-même, universelle et locale, comment raviver notre espérance, notre enthousiasme, notre élan missionnaire ? Toute situation de «crise» peut devenir un kairos, un moment favorable où la disponibilité à entendre l’Évangile du règne de Dieu se fait plus forte. Tout dépend de la manière dont on lit la crise. Si elle est vraiment prise au sérieux, elle peut devenir le moment favorable d’une conversion: où trouver alors la racine du désir de mission?  Deux versants: d’abord, celui de l’expérience de Dieu… C’est l’accès à l’intimité de Dieu – expérience que le chrétien fait quand il rencontre réellement la personne du Christ Jésus (et non pas seulement un système de valeurs) – qui lui permet de rencontrer les autres, tous les autres, dans cette intimité́, et de les rencontrer à la manière de Dieu, d’une manière gratuite, désintéressée, en vérité. Cette expérience ou ce désir, ce « feu » (cf. Lc  24,32 ; Ac 2, 3-4) est la source de la mission. L’autre versant se résume à travers le terme de présence. La question n’est pas d’abord de savoir ce que nous annonçons ou ce que nous faisons. Le risque est ne plus être réellement présent dans la vie quotidienne des gens. La rencontre du «tout-venant», qui peut être quotidienne si nous ne restons pas entre nous, est absolument fondamentale pour une conversion ecclésiale. Le mot «présence» est à prendre dans ses deux sens: présence aujourd’hui, ici et maintenant; présence au sens d’un « présent », d’un don, d’une présence gratuite auprès d’autrui…[1]  
L’Esprit Saint à travers le Pape François et la programmatique Exhortation apostolique Evangelii gaudium, donne un nouveau souffle missionnaire non de conquête, de recrutement (dans notre jargon !) mais de rayonnement, d’attraction. Et cela est de plus en plus explicite dans le vécu  pastoral du Saint-Père. Nous nous en rendons compte dans le choix de ses voyages, de ses rencontres, dans le contenu de ses allocutions, homélies, des interviews qu’il accorde. Tout converge vers la Mission reçue du Père en Jésus-Christ, l’Envoyé, l’unique Sauveur de toute l’humanité, mission qui rejoint et enjoint tout baptisé, appelé à être disciple-missionnaire.
« Etre chrétien, c’est d’abord une manière d’être : la première réforme doit être celle de la manière d’être… L’Eglise grandit par attraction et témoignage! » Le Pape rappelle les paroles du Christ de l’Evangile selon saint Jean : « Une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (12, 32) et encore: « Personne ne vient à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire.» (6, 44)  Le Pape Françoispoursuit : Il s’agit toujours d’une attraction. L’élan missionnaire peut être fécond uniquement dans la mesure où il a lieu sous l’influence de cette attraction et la transmet aux autres. Cela veut dire que si tu es attiré par le Christ, si tu te mets en route et que tu fais les choses parce que tu es attiré par le Christ, les autres s’en apercevront sans effort. Il n’est pas nécessaire de le démontrer et encore moins de l’afficher. L’Eglise grandit aussi par témoignage. Le témoin atteste ce que l’œuvre du Christ et de Son Esprit ont accompli réellement dans sa vie… Le témoignage, non plus, n’est pas une prestation qui nous appartient. On est témoin des œuvres du Seigneur. L’annonce de l’Evangile veut dire remettre en paroles sobres et précises le témoignage même du Christ comme le firent les Apôtres.»
Cet aspect fondamental de la mission concerne chacun d’entre nous, en tant que baptisés déjà, puis en tant qu’appelés, voire même consacrés. Nous nous efforçons d’être en ‘état de grâce’, et en ‘état de prière’ (« prier sans cesse »), soyons aussi en ‘état de mission’ ! Que cela s’exprime dans l’offrande renouvelée de chaque situation de notre vie, éclairée par la Parole de Dieu et embrasée d’amour par l’Eucharistie ! Sainte Vierge Marie, Reine des Apôtres, obtiens –nous toutes grâces !


[1] Cf. Ch. Théobald, Vers une Eglise hospitalière,  Revue’ Etudes’, Octobre 2019, pp. 74-75.

1 commentaire:

  1. Blackjack, Roulette, Poker, Blackjack, and More - Missouri
    Whether you're 익산 출장마사지 looking for 청주 출장마사지 the best games or 공주 출장마사지 the latest casino action, you've 영천 출장마사지 come to the right 광주 출장마사지 place.

    RépondreSupprimer