dimanche 22 décembre 2019

Avec Marie sur le Chemin de l'Avent



Dans moins d’un mois nous célébrerons Noël, la Nativité du Seigneur. Nous aimons les fêtes, nous nous réjouissons par avance et nous nous préparons à bien fêter. Mais avons-nous, au moins autant, le souci du contenu intérieur de Noël ?
          Le texte de Lc 1,39-47 nous invite à une réflexion préparatoire à Noël, centrée sur la personne de la Vierge Marie. En effet, Marie éclaire mieux que quiconque le thème de ces jours précédant Noël.
          L’affirmation fondamentale de ce texte évangélique est bien la suivante: « Bienheureuse toi qui as cru ». Marie nous est présentée comme modèle de la foi chrétienne, comme modèle de l’Eglise, comme modèle de la communauté des croyants. En Marie, nous découvrons ce qui est spécifique de la foi, et quelles sont les perspectives de la foi.
  1. Marie, modèle de décision dans la foi
          Pour parcourir le chemin sur lequel elle avait accepté de se mettre, Marie avait besoin du courage et de la confiance que seule la foi peut donner. Elle avait grandi dans un petit village, pauvre, inconnu,  et elle accepte d’entrer dans une aventure qui n’était arrivée  à personne avant elle: être prête á devenir la Mère du Messie que le peuple attendait, que le peuple espérait, un Messie qui lui est révélé comme étant le Fils même de Dieu. Comment cela se fera-t-il? Pour elle, comme pour nous d’ailleurs, cela demeure mystérieux, c’est un miracle de l’amour infini et tout-puissant de Dieu.
          Marie trouve le courage de se mettre sur le chemin, sur la voie de Dieu, une voie absolument différente de celle des autres jeunes filles de cette époque-là comme de la nôtre. Marie a le courage d’assumer ce qui est diffèrent, inhabituel.  C’est une femme émancipée au meilleur sens de ce terme, une femme qui ose remettre en question les critères communément acceptés et de construire sa vie sur la base de critères totalement différents, les critères de Dieu. Autrement dit, Marie construit son présent et son avenir totalement et seulement sur Dieu, pour qui rien n’est impossible, tout est possible. Elle a consenti en disant: Me voici, je suis la servante du Seigneur. Elle se met ainsi à pleine disposition soit de Dieu, soit des autres.
          Par cette décision de foi, Marie s’insère dans la lignée des femmes qui ont marqué l’histoire de son peuple le peuple élu : Sara, Rachel, Anne, Esther, Judith. Chez chacune de ces femmes, la foi avait été bien plus qu’une  simple profession extérieure. La foi orientait toute leur vie. Remarquables ces femmes soi-disant faibles, impuissantes, qui, par leur confiance en Dieu ont puisé en lui leur force et ont réussi à donner une nouvelle sève et un espoir renouvelé à leur peuple ! Dans son Magnificat, Marie résume l’inversion des tendances face á l’habituelle échelle des valeurs « Il a renversé les puissants de leurs trônes et il a élevé les humbles, il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides »
          Mais, que signifie croire ? Croire signifie chercher et trouver en Dieu seul le fondement et la plénitude de notre vie, nous confier totalement à lui et construire toute notre existence sur lui.
          Croire signifie parcourir le chemin, la voie de Dieu, le laisser nous engager pour le service des autres, ses fils et ses filles, tous !
          Marie, signe lumineux, nous invite à être des personnes capables d’assumer une vie vécue dans la lumière de la foi.
          Nous ressentons aujourd’hui un pressant besoin d’une telle orientation, parce que nous éprouvons un vide des valeurs et justement une désorientation de notre vie. En ces jours qui précèdent Noël, demandons-nous quelles sont les sources vives de notre vie, quel en est le fondement, la ligne maîtresse, quel sens donnons-nous à notre vie. Sinon, il pourrait arriver que croyant avoir tout fait pour bien fêter Noël, nous ressentions ensuite un grand vide intérieur, une grande désillusion.
          Marie nous signale comment notre vie peut être remplie de foi, comment nous pouvons réaliser notre vie dans la foi ; non sur la base de reflets extérieurs, d’une assurance extérieure, d’un déploiement extérieur. Tous ces éléments ont leur place, mais nous serions des fous, si nous prétendions y trouver la plénitude et le sens de notre vie et même la raison d’être des fêtes de Noël !
  • Marie, modèle de la communauté des croyants.
          La jeune Myriam de Nazareth, celle que nous appelons la Vierge Marie, a dû prendre à elle seule la grande décision qui va marquer toute sa vie. Seule, elle s’est décidée dans la foi et la confiance, et souvent elle devra encore affronter à elle seule diverses équivoques ou malentendus, p. ex. avec son fiancé Joseph, avec la famille élargie, lorsque son Fils quittera Nazareth et se lancera dans sa mission d’envoyé du Père, pour annoncer à temps et à contretemps la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Mais Marie ne pouvait rester toute seule face à ces situations. La foi ouvre nécessairement à la communauté qui soutient chacun des croyants et est soutenue par cette même foi partagé par les croyants. Un chrétien tout seul n’est pas un chrétien. Un religieux tout seul n’est pas un religieux: quelle seraient leur identité, leur source d’identification, s’ils n’appartenaient pas à une communauté ?
          Aussitôt après son consentement, à l’appel et à la mission que Dieu lui confie par l’Annonciation, par l’Incarnation, Marie se met en route. Elle se rend, assez loin d’ailleurs, dans une autre province, chez sa parente Elizabeth avec qui elle pourra partager le mystère de son espérance. Elizabeth, elle aussi a été choisie par Dieu, de façon particulière. Elle aussi est un signe de la grâce, de la miséricorde et de la puissance vivifiante de Dieu. Dans la rencontre de ces deux femmes, l’une toute jeune et l’autre avancée en âge, va se passer quelque chose de très profond. La Bible l’exprime dans un style tout simple mais chargé, dense, de symboles. Quelque chose bouge, se met en mouvement, qui provoque joie et jubilation. En fait, le voici arrivé le salut, selon la promesse faite à nos Pères en faveur d’Abraham et de sa race à jamais, ce salut, objet d’espérance aux heures difficiles, douloureuses, problématiques, de l’histoire du peuple d’Israël. Les deux femmes nous montrent à ce moment-là non seulement leur foi, mais l’espérance de tout un peuple; elles constituent à la fois le commencement et le modèle du nouveau peuple de Dieu, de la nouvelle communauté croyante.
          Marie, modèle de la foi du chrétien pris individuellement, l’est aussi de toute la communauté des croyants, le modèle de l’Eglise. La foi a fait de Marie la porte à travers laquelle le salut est entré dans le monde et donc la mère de tous les croyants. Marie a dit oui en notre nom. C’est pour cela qu’elle est engagée pour toujours, à jamais, dans l’histoire de Dieu avec les hommes. Marie ne peut être dissociée et encore moins rayée de l`histoire du salut de l’humanité. Toutes les générations devront et sauront l’exalter. Nous voyons en elle le modèle, l’exemple pour tous nos choix, pour chacune  des vocations.
          Marie est donc pour nous un signe éclatant de foi, et aussi parce que la foi nous ne l’avons jamais seulement pour nous-mêmes ou par nous-mêmes, mais toujours avec les autres, par les autres et pour les autres. La foi nous insère dans la grande histoire de l’espérance qui maintient en tension toute l’humanité. La foi nous prend à son service pour raviver l’espérance des hommes. La foi nous donne accès, nous insère dans la communauté de tous les croyants qu’est l’Eglise. Des rencontres comme celle de Marie et d’Elizabeth doivent constamment avoir lieu, ces rencontres d’où émerge l’espérance commune et où nous nous soutenons mutuellement dans cette espérance partagée.
          Si donc à Noël, nous allons célébrer à nouveau la venue de notre salut, l’accomplissement de notre espérance, il est clair que cette fête annuelle est à juste titre une merveilleuse fête de la communauté humaine et chrétienne. Elle doit donc être, entre nous d’abord, puis avec ceux qui croiseront notre chemin, une occasion de rencontre humaine et chrétienne, une occasion où nous trouverons du temps les uns pour les autres, les uns avec les autres, une occasion où nous pourrons partager ce qui au fond nous soutient, nous motive, nous stimule vraiment dans notre vie. Prenons le temps de communiquer, d’échanger entre nous sur des thèmes qui éclairent notre vie et lui donnent sens et consistance.
          En ces jours à venir, jours d‘Avent, essayons d’être davantage présents en famille, dans nos communautés, Eglises en miniature. L’on y met en commun non seulement les biens matériels, intellectuels ou culturels, mais aussi les biens spirituels, comme l’ont fait Marie et Elizabeth. Cependant, que ce ne soit pas un motif de repli intimiste, mais à la fois celui d’une ouverture à la communauté plus vaste de tous les hommes, surtout une prise de conscience de notre responsabilité missionnaire envers ceux et celles qui se trouvent sans espérance, découragés, déçus, bloqués ou paralysés dans des circonstances ou situations écrasantes.

Marie,
Cause de notre joie,
Consolatrice des affligés,
Secours des chrétiens,
intercède pour nous.
  1. Marie, modèle de la joie de croire.
          Marie est donc un signe qui ne nous renvoie pas à elle-même mais complètement à Dieu. Que viennent faire alors les objections contre le culte de la Vierge Marie ? Nous entendons des hésitations, des difficultés, même des rejets purs et simples quand certains entendent parler de Marie. Il leur semble que l’exaltation de Marie vient obscurcir le centre de la foi chrétienne, le salut de Dieu en Jésus-Christ. Ils pensent que le culte marial n’est qu’une ramification secondaire, hypertrophiée et non nécessaire à l’arbre de la foi chrétienne.
          Il convient de prendre au sérieux ces objections pour corriger ou redresser certaines exagérations. Mais ces objections ne rejoignent pas ce qui est essentiel : Marie comme signe et image de la foi fondée totalement et exclusivement sur Dieu.
          Marie ne nous voile pas, ne nous cache pas le Christ, mais elle nous l’a apporté et elle nous reporte à lui. Et tout cela pas avec un flot de paroles, mais en témoignant par toute sa vie l’assurance et la joie de la foi.
          La foi et la joie, voilà bien une matière particulièrement en consonance avec ce temps de l’Avent qui nous prépare à Noël. Bientôt, personnellement et communautairement, nous allons offrir ou présenter aux uns et aux autres nos vœux nos souhaits de « Joyeux Noël ! »  
          Qu’il ne s’agisse pas dorénavant d’une simple exclamation écrite, dite ou pensée de façon superficielle. Car dans ce souhait, il y a quelque chose de très significatif, de très profond : le souhait d’une plénitude de vie, de joie et de paix. qui provient de la communion avec Dieu. De cette joie qui découle de la foi, les Psaumes disent qu’elle est notre force. Cette joie dans la foi, nous aurons à nous la souhaiter ces prochains jours. La Vierge Marie constitue un signe lumineux qui nous oriente sur cet itinéraire, ce chemin à parcourir, vers une joie vraie et profonde. Elle est le meilleur modèle pour stimuler notre foi et notre espérance. Que celle que nous invoquons avec raison comme Cause de notre joie, intercède pour chacun de nous, pour nos communautés et nos familles respectives !

BONNE MÉDITATION!


Des archives du Père Yves BOCHATAY, cpcr/ Chabeuil FRANCE

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