vendredi 15 mai 2020

"La Communication en temps de crises et de réformes"


CONFÉRENCE-DÉBAT 


OBJECTIF : il s’agit de voir comment la communication peut être un outil utile dans la gestion des crises, mais aussi dans l’effort d’aller au-delà de celles-ci, c’est-à-dire d’engager des réformes.
Ce thème s’inscrit également dans cet autre qui est de voir comment la communication peut-elle être un instrument d’unité.

PLAN : nous aurons trois moments :
1.                  Compréhension du terme « Communication » : il s’agit de parcourir les différentes théories de la communication ; en vue d’en dégager une qui nous sera utile. C’est un peu la partie technique.
2.                  D’identifier les différentes crises que traverse notre communauté, et qui mettent vraiment à l’épreuve notre unité.
3.                  Enfin, nous verrons comment la communication peut nous être utile pour amorcer des réformes nécessaires à sauver notre unité et à garantir notre progrès dans le vécu de notre



1e Moment : De la Compréhension de la « Communication »

Celle-ci se fera à travers ce que les techniciens de la communication appellent la « théorie de la communication ».

Théorie de la communication
N.B. Nous pouvons toujours nous renseigner sur ce que dit dans le dictionnaire ; Iter mirifica (Décret sur les moyens de communication sociale) ; le Directoire cpcr pour l’usage des MCS de 2010 : les deux insistant plus sur l’usage des MCS que sur la mystique de la communication elle-même.
Ø    La théorie de la communication remonte au début des années 1940.
Ø    Elle vise à formaliser le transfère de l’information en conceptualisant la communication. Mais aussi elle a pour but de modaliser la relation homme-machine (ordinateur naissants et leurs utilisateurs)
Ø    Elle a donc pour but de présenter les différents modèles de communication de l’information. C’est en cela qu’elle complète la théorie de l’information (qui structure l’information à partir des questions de référence : qui, a dit quoi, à qui, où, quand, comment, pourquoi ? Cf. LASSWELL, sociologue américain)

Ø    Les modèles de communication

a.                  De SHANNON et WEAVER (l’un ingénieur, l’autre philosophe :
Ils travaillent dans le domaine de la transmission télégraphique du signal, avec le souci que celui-ci soit reçu de la façon la plus authentique possible, en évitant les interférences, en termes technique les « bruits ».
Ils schématisent la communication ainsi : CODAGE-DECODAGE-« BRUIT »
b.                  De Roman JAKOBSON :
Il réfléchit sur la communication en décrivant les différentes fonctions du langage expressif. Il met en exergue les facteurs qui interviennent dans le cadre de la communication :
D’une part, le MESSAGE pensé par un EMETTEUR, qui est ensuite CODE et EXPRIME. Et d’autre part, le DESTINATAIRE qui RECEPTIONNE le message, le DECODE et le COMPREND à sa manière.
Il ajoute aussi que la transmission du message se fait par un CANAL ; et évoque que le message est perturbé par des bruits pouvant être physiques ou psychiques.
Ainsi, pour lui, la communication n’est ETABLIE que si les canaux sont identiques et s’il y a très peu des bruits.
c.                   De l’école de PALO ALTO (une ville USA, Californie)
Il s’agit des chercheurs qui ont fait des analyses portant sur l’importance de la relation entre les acteurs de la communication et le message.
Son principe : « on ne peut pas ne pas communiquer », car la communication est inhérente au comportement des individus, et le non comportement n’existe pas : cad, le silence et l’inaction sont des comportements, donc communication.
Donc, la communication est un comportement permanant de l’individu, mais aussi une activité sociale, elle a une fonction « intégrative » (communautaire).
Toutes ces théories peuvent nous aider à saisir le fond de l’acte de communique, ou en tout cas sa formalisation : c’est la transmission d’un message par un émetteur à un récepteur qui se doit de le décoder et le comprendre. Cela passe par un canal de transmission. Mais il faut aussi tenir compte du danger des interférences, les bruits. Enfin, cet acte de communique est inhérent à l’homme, mais aussi, elle est un acte communautaire.
Pour nous aider à atterrir, et pouvoir entrer dans le vif de notre sujet, j’ai pensé et mis au point un modèle de communication qui comporte deux avantages pour nous, en dehors du fait qu’il ne s’écarte pas des autres modèles déjà cités : le modèle de la Parole et du Silence.
d.                  De la PAROLE et du SILENCE :
Ses avantages :
1e Il nous permet de pouvoir poser un regard religieux sur la réalité de la communication : en la comprenant comme une propriété divine, transmise à l’homme (être créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance), comme l’est aussi la liberté. C’est la théologie de la Communication.
2e Il est plus proche de notre culture, la culture de l’oralité. Culture à la fois orientale et typiquement africaine ; mais aussi la culture de la spiritualité ignacienne (contenue dans les Ex Sp, nous le rappelait le P. Enrique : ils font entrer dans une expérience de rencontre et de dialogue, dans une relation binaire : le Créateur à sa créature, d’où l’idée du Colloque).
Une théologie de la Communication :
« Au commencement Dieu créa… » (Gn1,1)
 « Au commencement était la Parole… » (Jn 1, 1).
Voir comment Dieu, depuis le commencement, fait usage de la Parole et du silence dans l’œuvre de la création et dans toute l’Economie du salut. Et comment par là Il sanctifie ces deux facteurs :
-               Par la Parole Il fait exister
-               Par elle, Il se révèle comme un Dieu qui parle, qui communique, qui échange Paroles avec sa création. Mais aussi un Dieu qui, en retour écoute la Parole de l’homme. Bref, un Dieu qui DIALOGUE AVEC L’HOMME. (Il écoute crier le sang d’Abel ; Il entend la misère de son Peuple…)
-               Il est aussi ce Dieu qui sait faire silence pour admirer les merveilles de sa création : au 7e jour, Il se reposa de toute l’œuvre qu’Il avait faite, œuvre qui était très bonne.
-               Par Jésus, le Verbe de Dieu qui apporte le salut au monde, l’on découvre le véritable contenu de la Parole : faire connaître le Père et Le louer.
Ainsi, Il fait taire les langues qui ne sortent pas les paroles de louanges (« tais-toi Satan… ») ; mais pour ce qui est de la louange de Dieu, Il promet que même les pierres se lèveront pour la proclamer…
-               Mais Jésus aussi se tait : à la croix, c’est le silence totale, expression de son sacrifice extrême par obéissance à la volonté du Père et par amour des siens… (Comme un agneau que l’on mène à l’abattoir…il n’ouvrait pas la bouche).

Ø    Conclusion :
A travers cette ébauche, non exhaustive, de la théorie de la communication et du regard théologique sur la réalité, l’on peut retenir que :
La communication est une réalité divino-humaine qui permet de se donner aux autres et de les accueillir, dans un échange des paroles qui construisent, qui font exister, ainsi que les silences qui nous poussent à l’écoute, à l’admiration et à l’obéissance, tout pour la plus grande gloire de Dieu et le plus grand bien de la communauté

2e moment : Identification des Crises :


Le terme « Crise » est polysémique : dans un domaine médical, il peut désigner la rechute dans un état pathologique grave ; en économie il peut désigner un trouble du cours normal des affaires… Et pour une communauté religieuse ?
Ici, dans notre cas, j’entends par « Crise » toute situation qui vient troubler l’unité et la communion d’une communauté. Donc, qui vient toucher la communauté dans ce qu’elle a de plus précieux et constitutif : la communion, l’unité.
Notons cependant que dans toute société humaine, il est difficile de manquer des moments de crise, et que celle-ci est parfois subtile à repérer. Il est donc impérieux de connaître ces moments, les accueillir avec maturité et faire en sorte de les jubiler pour atteindre les reformes qu’ils font naître pour le bien de la communauté (de la communion).
J’ai identifié plusieurs crises dans notre communauté, et je les ai classées en trois catégories qui sont étroitement liées :
1.                  Les crises d’identité
2.                  Les crises de différences
3.                  Les crises de perspectives
2.1. Crises d’identité :
Ici la question n’est pas le « qui sommes-nous ? » ---cela, nous le connaissons.
Mais la question est plutôt : qui sommes-nous appelés à être ?
Cette nuance nous place dans la perspective de l’interprétation du sens même de notre identité particulière par rapport au temps. Qu’est-ce à dire ?
Il s’agit de cette difficulté que nous avons de vivre une fidélité dynamique, de prendre conscience de la capacité, du potentiel qu’à notre être spécifique CPCR à se conserver dans sa pureté originelle, alors même qu’il s’exprime et se vit de façon toute nouvelle comme une réponse actuelle aux appels que l’Esprit continue à nous lancer dans le temps.
Nous avons reçu par grâce divine une identité spécifique, mais une identité qui est dynamique (chargée du devenir, dirait Aristote), plutôt que statique : tel un talent reçu qu’on est appelé à fructifier. (Cf. Const. CPCR. n. 120)
C’est la difficulté à reconnaître les richesses profondes qui se proposent à notre identité et qui font de nous des CPCR, mais des CPCR toujours renouvelés.
Dans ce sens, par exemple, comment les CPCR africains interprètent-ils leur propre identité CPCR au regard des différents appels que le Seigneur leur lance à travers les richesses et les faiblesses de leurs cultures, de leurs sensibilités… Et le problème de notre apostolat, n’est-il aussi lié à cette crise d’identité : la difficulté à trouver, à partir des richesses de notre identité propre, notre place dans le plan de Dieu ici et maintenant ?
C’est aussi la crise des structures d’interprétation de notre être et de notre devenir :
 Il y a le Chapitre Général, le Supérieur légitime (en vertu de l’assistance divine liée à sa fonction) mais aussi il devrait y avoir dans ce domaine une mobilisation quotidienne du sens du discernement communautaire. Car, l’interprétation du sens de notre devenir est le discernement quotidien qui ne devrait ni attendre le Chapitre, ni le remplacer, mais qui est disponible à accueillir la Volonté de Dieu, la comprendre et la vivre au quotidien.
2.2. Crises de différences :


Elles sont profondément liées aux crises d’identité, mais dans sa version extrémiste. Ici on insiste plus sur les différenciations, qu’elles soient légitimes, culturelles ou idéologiques…, qu’on en vient à oublier que la seule finalité des différences c’est l’enrichissement diversifié et mutuel, en vue de construire la Communauté.
C’est lorsqu’on perd de vue cette finalité qu’on tombe dans ces crises qui fragilisent péniblement la communion ; et qui nous érigent en blocs des uns contre les blocs des autres qui ne sont pas comme nous ; elles nous empêchent de nous accueillir les uns les autres, tels que nous sommes, et de nous entraider mutuellement sur notre chemin de perfection (Cf Dir. CPCR. n. 1)
Ces crises de différence, nous devons les dénoncer et en prendre conscience :
1.                  Entre Blanc et Noir : malheureusement, au XXIe S. on est encore marqué par la férocité de ces différences. Aujourd’hui encore, Blancs et Noirs continuent à se regarder de haut, et à se juger sur le modèle du meilleur et du pire, du fort et du faible, du plus humain de l’inhumain…
Et dans notre congrégation, l’ouverture du charisme à l’Afrique a comme soudainement réveillé cette crise, dont les impacts se font de plus en plus ressentir aujourd’hui. L’idéologie (vraie ou fausse, Dieu Seul sait) de l’ « Afrique aux Africains ; l’Occident aux Occidentaux… », ainsi que celle de « non-mélange des races », augurant une espèce « d’apartheid congrégation elle »…, se font de plus en plus visibles, et créent de plus en plus des aigris, des marginalisés, des frustrés…
Dans cette crise, les Africains par exemple, semblent se  retrouver soit des victimes, soit des victimisés ; ou encore des gros bébés, à la fois volontaires et involontaires… d’un système qui les contraints à n’être que des récepteurs-passifs et non jamais des acteurs authentiques d’une histoire qui les entrainent. Alors que les Blancs, en ce moment, se sentent psychologiquement responsables d’une « paternalité avilissante » (qui se meut souvent en paternalisme) des personnes qui ne sont pas leurs fils mais leurs frères. Seul Dieu est Père et Maître !

2.                  Entre aînés et cadets ; supérieurs et inférieurs… :
La crise à ce niveau est celle d’autorité et de service. Elle est marquée par les différentes conceptions culturelles de l’autorité et du service ; mais aussi, et cela revient encore, elle met en mal le degré d’accueil mutuel et d’engagement des uns et des autres dans une cause commune.
Là où le bât blesse c’est quand intervient la quête des intérêts particuliers : en ce moment-là, quiconque s’oppose à ces intérêts particuliers devient par le fait même l’ennemi à éliminer.
Alors, l’aîné ou le supérieur, profitant du pouvoir qui est en sa possession s’appliquera à prouver sa force en écrasant tout obstacle ; quant au cadet ou au subalterne, se sentant menacé, il déclenchera son mécanisme de survie et d’auto-défense, pouvant aller même jusqu’à la violence physique au nom de la survie.
 Conséquence : c’est la loi de la jungle, c’est le règne du Léviathan face à la résistance du nain. C’est la force du vœu d’obéissance qui se vide de son sens, alors que celle du respect mutuel se meurt.
Et le pouvoir devient l’arme qui détruit la communion la vérité ; alors-même que se développe la méfiance, la fermeture et l’esprit de vengeance chez ceux qui se sentent offensés.
Il est donc temps de prendre conscience du fait que l’abus du pouvoir a fait trop de mal à l’Eglise et au monde.

3.                  Entre conservateurs et progressistes :
Ici, c’est la crise du juste milieu entre les sensibilités qui ne veulent pas qu’une lettre de la tradition soit touchée et qui ne tolèrent même pas d’y penser ; ceux qui trouvent dans la tradition originelle et originale la meilleure réponse du présent et de l’avenir… , d’une part ; et d’autre part ceux qui lisent le présent à partir de l’avenir.
C’est la crise entre le « on a toujours fait ainsi et ça marchait, alors inutile de changer », et le « on a déjà dépassé cette façon archaïque de faire, les choses ont changé, panta rei, rien de même, la quête du neuf… ».
Conséquence : on ne s’accueille pas, on se rejettent systématiquement, on ne trouve pas les uns pour les autres la richesse et la force pour avancer…
Il est donc temps de faire attention au progressisme vide et inutile, et au traditionalisme rigide et désincarné, qui continuent à mettre à l’épreuve l’Eglise et la Congrégation.
2.3. Crises de perspectives :
Elles sont la suite logique des crises précédentes (d’identité et de différences).
Il s’agit ici de la difficulté qu’on a à trouver et à adopter (si possible, de façon unanime) une/des voies de sortie, la solution, le modèle d’action, l’expression valable, la réponse juste… pouvant nous aider à vivre de façon efficace notre mission spécifique dans l’Eglise, dans le monde, dans le Plan de Dieu.
Toutes ces questions que nous nous posons sur l’apostolat, l’économie, la gestion du personnel, l’inculturation…prouvent à suffisance qu’on est en crise de perspective. Et que celle-ci fait suite à la difficulté d’interprétation de notre devenir et de l’accent mis sur nos différences plutôt que sur la communion.
Alors, de tout ce qui précède, comment peut-on faire usage de la communication, telle que nous l’avons conçue tout haut, pendant des moments de crise qui menacent la communion et le développement de la communauté, comme nous les avons dénoncés, pour pouvoir y apporter des solutions qui s’imposent, c’est-à-dire des réformes ?
C’est donc dans notre troisième moment que nous tenterons de répondre à cette question.

3e moment : Communication comme instrument de passage de la crise à la réforme :


Ce troisième moment de notre partage se veut plus un moment de sensibilisation plutôt qu’un moment de réponse : il ne s’agit pas ici de donner des réformes dont nous avons besoin pour sortir de nos crises et bâtir congrégation. Mais il s’agit des différents angles d’approche de cette outil utile et nécessaire à la réforme : la communication.
1.      Nous ne sommes pas des journalistes, mais des Religieux :

Nous ne faisons pas du journalisme (informer, former l’opinion et divertir), raison pour laquelle nous n’avons pas parlé de la théorie de l’information, mais de la théorie de la communication. Nous ne faisons pas carrière de chasseurs des nouvelles, d’investigateurs, des reporteurs… (pour rendre publique des nouvelles tintées souvent d’insolite, du spectaculaire… suivant sa ligne éditoriale, et assurer à tous le droit à l’information juste et vérifiée).
Nous sommes des religieux qui veulent prendre conscience de l’efficacité cet instrument que la communication, dans notre quête de la vérité et dans notre effort d’annoncer cette vérité à tous, sans pouvoir la falsifier, pour construire la communion dans la liberté, la justice et la charité.
Raison pour laquelle nous avons insisté sur ce regard théologique que nous devons avoir sur cette réalité de communication.
Ainsi, nous Religieux CPCR, sans négliger les dispositions naturelles à la communication et sans méprise ce que nous apprend la Société Civile en la matière, nous devrions communiquer pour construire (faire exister), pour nous donner les uns aux autres, mais sur base de la vérité, de la liberté et de la justice, le tout dans la charité. Et personne ne devrait s’exclure, ni être exclue de cette noble tâche.

2.      Nous sommes une Communauté, notre paradigme de communication en vue de la communion est la communauté primitive.

Nous vous proposons de lire et méditer, à ce propos, le livre des Actes des Apôtres, à titre illustratif son 15e chapitre. C’est une véritable illustration de comment la communication est un instrument efficace pour gérer les crises et initier des réformes, pour construire la communion ecclésiale sur base de la vérité, la liberté, la justice dans la charité.

Nous retrouvons dans cette communauté et particulièrement dans ce qu’on a appelé « le premier concile » ou le « Concile de Jérusalem » tout ce dont nous avons parlé dans ce partage :
Ø  Il y a crise à la fois d’identité, de différences et de perspective ;
Ø  Il y a la communication dans la liberté, la vérité, la justice et la charité. On parle et on écoute, tout en prêtant une attention particulière à l’Action de l’Esprit-Saint (qui est Seigneur et qui donne la vie ; qui mène à la Vérité toute entière) ;
Ø  Finalement il y a la réforme, en occurrence, l’une des plus belles réformes de l’histoire du Christianisme et de l’évangélisation : le salut en Jésus Christ est universel et non secteur ; il est lié à la Foi et non à la Loi…

3.      Quelques dispositions pratiques :

Ces dispositions, prises parmi tant d’autres, peuvent nous être utiles dans notre tâche (à la fois individuelle et communautaire) de bâtir congrégation en engageant des réformes nécessaires et indispensables :


Ø  Importance de nos idéaux : l’Unité et la Vérité(surtout) et du « Présupposé favorable »:

Il s’agit de revenir individuellement et collectivement, dans un examen de conscience sérieux, sur le sens profond des idéaux de l’Union et de la Vérité (de façon spéciale), et de leur pertinence dans notre vécu spécifique comme CPCR.

A cet examen ajouter une relecture du n. 22 des Exercices Spirituels de Saint Ignace, sur le Présupposé favorable dont la finalité n’est pas seulement de « sauver la proposition du prochain », mais de « sauver » ce prochain ou de l’aider à « se sauver ».

Ø  Ce « présupposé favorable », une base pour garantir la liberté d’expression à tous :


Cette liberté d’expression puise toute sa force dans la prise de conscience de notre place exclusive et indispensable de la réalisation du Plan de Dieu pour notre Congrégation. Qu’est-ce à dire ?
Le Seigneur dans sa Liberté souveraine a appelé de façon spécifique et isolée chacun de nous (« par son nom »). Il nous faudra donc lui donner une réponse aussi spécifique et exclusive. Et cette réponse est d’être CPCR ; et l’être pleinement et en vérité est un droit et un devoir. Cette réponse, aussi longtemps qu’elle est réponse à la Volonté de Dieu d’être CPCR, ne peut être une sous réponse, une mauvaise réponse, ou une réponse d’un second ordre… mais la véritable réponse qu’il faut à l’appel de Dieu. Donc, soit on est CPCR, soit on ne l’est pas ; restant sauf le rôle de l’Eglise (par l’autorité compétente), avec l’assistance du Saint-Esprit, de certifier la sainteté et l’authenticité de cette réponse qui inscrit les uns et les autres dans le Corps du Christ et dans l’Economie du Salut.
Ainsi, appelé à former un seul corps (la Congrégation), chacun de nous doit se sentir responsable de cette œuvre. Sa réponse, aussi exclusive, d’autant plus qu’elle doit être une réponse authentique à la Volonté de Dieu, est une pierre indispensable à la construction de la Congrégation.
D’où l’impératif catégorique de garantir la liberté à chacun de vivre sa vocation et de l’exprimer avec la richesse de réponse spécifique, en vue de la construire l’œuvre commune. Il n y’a pas mieux pour garantir la croissance d’une œuvre commune que d’accueillir la richesse que l’Esprit-Saint féconde à travers la réponse vraie et authentique de chacun des membres.
C’est comme cela que le « Présupposé ignacien peut garantir la liberté d’expression dans la construction d’une œuvre commune.

Ø  Garantir à tous l’accès à l’information et l’égalité des chances :



A l’Ascension, le Seigneur a dit à ses disciples d’aller de toutes les nations faire des disciples (bâtir l’Eglise) ; les baptiser et leur apprendre à observer tout ce qu’Il avait prescrit… (cf. Mt 28 ; 19-20). Donc, mettre toute la Vérité à la disposition des disciples, de l’Eglise… et non certaines vérités ; mais aussi aller vers toutes les nations, non certaines nations (égalité de chance).
Evidemment, il n’est pas ici question de nier l’importance de la discrétion et de la prudence. Mais nous sommes dans le cadre de la communication en vue de la communion, en vue de gérer nos crises et d’engager des réformes. Ici donc, la nécessité de mettre à disposition de tous la vérité nécessaire est signe de transparence et de bonne volonté pour la cause de la vérité elle-même.
Il en va de même pour l’égalité des chances. L’on ne peut pas prétendre bâtir la communion seule, en excluant les autres. Et on ne peut pas non plus s’attendre à une réussite si l’on ne donne pas à chacun la chance d’accéder aux mêmes outils de construction, à la mesure de ses possibilités.
Mais tout cela ne sera que théorie si l’on ne pense pas à créer, à soigner, à actualiser et à valoriser nos structures de communication qui sont essentiellement des structures de discernement communautaires.
Nous saluons les efforts consentis à différents niveaux (revues, sites, réunions communautaires, assemblées apostoliques, conférences…), tout ce qui est fait dans le but de passer par la communication en vue de construire la communion.
Notre souhait est que ces lieux deviennent de plus en plus les havres de communion, de construction et d’amour !



Que Vive le Christ-Roi !
Que Vive l’Alliance d’Amour !
Nous vous remercions !


Fr. Jean-Marie CIMANGA, cpcr
Scolasticat de KITAMBO/KINSHASA (RDC)
                                                                               05 mai 2020

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